Tribunal permanent des peuples : Les violations des droits de l'homme en Algérie

 

Résumé du Dossier n° 13 : L’organisation du système politique

(Madjid Benchikh)

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Ce dossier est largement inspiré du livre de Madjid Benchikh, Algérie, un système politique militarisé (L’Harmattan, 2003).

Après l’Indépendance, on assiste aux sommets de l’État algérien à une lutte pour le pouvoir, qui aboutit à l’emprise de plus en plus marquée de l’armée sur le pouvoir politique et à l’échec des tentatives d’opposition. Le commandement militaire exerce une forte emprise sur le parti unique et les organisations syndicales ou professionnelles. Mais l’armée n’assure pas directement les responsabilités : le système du parti unique avec un gouvernement civil est en réalité une façade pour éviter que le pouvoir réel apparaisse, sur le plan interne et à l’international, comme un régime militaire.

Les manifestations populaires d’octobre 1988, réprimées au prix de centaines de morts, font clairement apparaître les échecs et les blocages du système politique, perceptibles depuis plusieurs années et surtout depuis la chute du prix du pétrole en 1986. La crise financière et l’endettement réduisant les marges de manœuvre du pouvoir, l’incapacité du système à répondre à la crise sociale est notable. C’est dans ces conditions que les conseillers civils et militaires du chef de l’État, le colonel Chadli Bendjedid, imaginent une sorte d’ouverture politique dont on verra qu’elle est une démocratie de façade (avec la nouvelle Constitution adoptée en février 1989, les droits de l’homme et les libertés publiques sont en principe reconnus).

Ce sont bien, en effet, les principales forces du système politique qui ont décidé le passage au multipartisme pour tenter de sortir du blocage. Les forces d’opposition ont été jusque-là réprimées et n’ont pas été consultées pour mettre en place cette démocratie de façade. L’armée garde le contrôle du système, même si celui-ci ne fonctionne plus, apparemment, comme au temps du parti unique.

On assiste alors à la création d’un grand nombre de partis politiques (plus de soixante), dont la plupart sont totalement artificiels et sans base sociale. Même durant la période de paix civile (1989-1991), qui voit l’adoption de quelques vraies réformes, les chefs de l’armée restent en embuscade. Et quand ils considèrent que leurs intérêts économiques sont menacés par ces réformes, ils interviennent, en juin 1991, pour mettre fin à l’expérience dite des « réformateurs », conduite par Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche.

La période de guerre civile, de 1992 à nos jours, est caractérisée par un recours à la violence par laquelle les protagonistes (armée et groupes islamistes armés manipulés ou autonomes) terrorisent les populations. Les chefs de l’armée annulent les élections du 26 décembre 1991, forçant ainsi Chadli à la démission, et installent un Haut Comité d’État et un conseil législatif non élus. Les élections sont depuis systématiquement manipulées, la Sécurité militaire est omniprésente, mais l’armée continue de nier qu’elle exerce le pouvoir réel.

 

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