Tribunal
permanent des peuples : Les violations des droits de l'homme
en Algérie
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Résumé du Dossier
n° 16 : L’organisation des forces
de répression
(François
Gèze et Jeanne Kervyn)
Dossier
complet (pdf)
La stratégie des généraux algériens pour
barrer la route aux islamistes et garder le pouvoir qu’ils détiennent
depuis l’indépendance du pays a amené l’Algérie
sur le chemin d’une véritable guerre civile. Ce dossier présente
l’évolution de la répression menée par l’armée
et les services de sécurité, de 1990 à 2004 (l’analyse
des forces de la mouvance islamiste qui s’y sont opposées, y compris
ses composantes qui s’engageront dans la lutte armée, est traitée
dans d’autres dossiers : n° 10, 11, 12 et 19).
Dans ce dossier, cinq étapes principales sont distinguées dans
le déroulement de la guerre conduite par les généraux « décideurs » :
—
la première étape, en 1990 et 1991, a consisté à tenter
d’empêcher, par divers types de manipulations, les islamistes du
FIS d’arriver au pouvoir par les urnes ;
—
la deuxième étape, du coup d’État de janvier 1992
au début de 1994, a visé à amener les partis politiques,
les syndicats, la presse « indépendante » et l’ensemble
des forces de sécurité (armée, police, gendarmerie) à suivre
l’option « éradicatrice » des « décideurs ».
Elle a consisté à éliminer ou à briser par la violence
toute opposition se réclamant de l’islamisme, par une combinaison
de répression brutale et de manipulations de la violence islamiste qui
commence alors à s’affirmer ;
—
cette politique n’ayant que partiellement réussi, l’étape
suivante (de mars 1994 jusqu’au début 1996) sera la plus meurtrière
: pour « couper la population des groupes islamistes », la répression
sauvage conduite par l’armée et ses services secrets (DRS) frappe
la population civile (c’est l’époque de la multiplication
des « disparitions forcées » et de la création de
milices), tandis que les groupes islamistes autonomes sont décimés
ou, par les manipulations et les infiltrations, mis au service du pouvoir ;
—
la quatrième étape, du début 1996 à 1998, consistera à asseoir
le pouvoir des généraux par la terreur (prenant notamment la
forme de massacres de masse), exercée, sous la houlette du DRS, par
les forces de sécurité et par les « groupes islamistes »,
désormais entièrement contrôlés par les services
;
—
dans une cinquième étape, de 1999 à 2004, le pouvoir s’est
attaché à rechercher une légitimité internationale,
tout en maintenant, par l’action de ses forces de sécurité,
de ses milices et de ses groupes « islamistes », un niveau de violence
permettant d’empêcher toute affirmation d’une alternative
démocratique et pacifique.
Pour mener à bien cette répression, le pouvoir s’est doté d’un
puissant appareil policier, militaire et paramilitaire, dont le cœur est
constitué par les structures de la police politique, la très
puissante Sécurité militaire (devenue DRS en septembre 1990).
Ce dossier présente ces organes de répression et leur évolution.
Et il propose, en conclusion, une synthèse des nombreuses méthodes
de répression utilisées par les forces de sécurité,
des plus classiques (infiltration, désinformation, manipulation…)
aux plus terrifiantes (torture systématique, assassinats par milliers
et massacres de masse, création par l’armée de groupes
armés islamistes, etc.).
Cette présentation est évidemment trop succincte pour rendre
pleinement compte des multiples facettes de ces années de feu et de
sang. Mais elle est aussi limitée par l’opacité voulue
et entretenue par le pouvoir algérien sur ce conflit, par la loi du
silence qu’il impose jusqu’à ce jour (par la terreur et
la menace) à la population et à la majeure partie des acteurs
politiques. De ce fait, certaines des hypothèses présentées
dans ce dossier seront peut-être un jour partiellement contredites par
des révélations nouvelles. Reste que les informations disponibles
(provenant d’ouvrages et d’articles de presse, de rapports d’organisations
non-gouvernementales sur les violations des droits de l’homme et surtout
de témoignages de victimes de la répression et d’ex-membres
des forces de sécurité, témoignages qui se recoupent et
se complètent) permettent de donner une lecture de cette tragédie
dont on peut affirmer, sans risque d’erreur, qu’elle correspond
pour l’essentiel à la réalité.
TPP - Algérie
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