Tribunal
permanent des peuples : Les violations des droits de l'homme
en Algérie
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Résumé du Dossier
n° 17 : L’organisation
des milices
(Salah-Eddine
Sidhoum et Algeria-Watch)
Dossier
complet (pdf)
Du gouvernement de Vichy en France aux dictatures du tiers monde
dans les années 1960 et 1970, l’Histoire montre que
les régimes
illégitimes font souvent appel à des milices pour terroriser
les populations ou tenter d’impliquer par la force une partie
de la société contre une autre.
En Algérie, durant l’occupation turque, les janissaires
s’étaient
dotés d’une milice appelée l’Odjaq. Et durant
la guerre de libération nationale, la France coloniale mit également
en place des comités d’autodéfense pour pousser
une partie de la population à prendre les armes contre le FLN
et l’ALN.
La nouvelle guerre d’Algérie, au lendemain du coup d’État
du 11 janvier 1992, connaît encore une fois ses comités
d’autodéfense
comme au temps de la colonisation. Ces milices, levées théoriquement
pour défendre les villages, douars et mechtas isolés,
sortiront rapidement de leurs limites initialement imparties, à l’instigation
de certains tyranneaux et autres seigneurs de la guerre, pour dériver
vers des pratiques criminelles et maffieuses.
C’est sous le gouvernement de Rédha Malek (août 1993-avril
1994) que la création de milices armées a été décidée
par le pouvoir, en mars 1994, conformément à la suggestion
faite dès mars 1993 par le général Mohamed Touati « d’impliquer
la société civile dans la lutte antiterroriste » en
créant des « milices d’autodéfense encadrées
par des anciens moudjahidine ou des ex-militaires ». Deux types
de formations furent créés comme forces d’appoint
des forces de sécurité : les « gardes communales » et
les « groupes d’autodéfense », ou « patriotes »,
devenus plus tard « groupes de légitime défense ».
Elles sont regroupées par village ou famille et armées
précairement.
Progressivement, pourtant, certaines d’entre elles vont se développer
jusqu’à constituer de véritables petites armées
(ce dossier évoque notamment la milice d’El-Mekhfi à Lakhdaria,
de Fergane à Relizane, et d’autres qui sèmeront
la terreur dans leurs régions respectives). Les autorités
ne donneront jamais le nombre exact de miliciens. Mais les données
de presse les situent entre 150 000 et 200 000 éléments,
soit autant que l’effectif de l’armée nationale.
Au fil du temps, du fait de l’aggravation de la situation sécuritaire
due à l’impasse politique et de l’absence d’État
dans de nombreuses régions de l’Algérie « inutile »,
mais aussi du fait de la déstructuration sociale induite par
la situation économique désastreuse, on a assisté, à côté de
cette dérive sanglante, à un dangereux glissement de
ces bandes armées vers le banditisme et les pratiques mafieuses.
Dans de nombreux villages, ils rackettaient fellahs et commerçants.
Ailleurs, ils se spécialisaient dans le vol de bétail
aux bergers et dans la pratique de faux barrages pour racketter les
automobilistes et
les commerçants, plus particulièrement les jours de
marché hebdomadaire,
en se faisant passer pour des membres des « GIA » et autres
groupes armés.
Jusqu’à ce jour, ces miliciens n’ont pas été désarmés
et certains continuent à régner en petits roitelets, forts
de la protection de « décideurs ».
TPP - Algérie
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