Tribunal
permanent des peuples : Les violations des droits de l'homme
en Algérie
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Résumé du Dossier
n° 8 : Les violations des libertés
syndicales
(Sahra
Kettab)
Dossier
complet (pdf)
L’exercice du droit syndical en Algérie n’est certes
plus ce qu’il était du temps du parti et de la pensée
unique, mais il reste encore très largement dépendant du
pouvoir en place depuis plus de trente ans. Alors même que, dès
le début des années 1990, les textes législatifs
avaient consacré l’ère du pluralisme syndical, celui-ci
n’apparaît
aujourd’hui que comme un pluralisme « de façade ».
En dépit des affiches et des panneaux qui entourent le siège
syndical de l’UGTA (Union générale des travailleurs
algériens), union syndicale historique, et du dynamisme de quelques
syndicats autonomes, nés dans certains secteurs de l’économie,
la scène syndicale algérienne demeure « propriété d’État ».
Trois acteurs principaux monopolisent le « dialogue social » :
l’État, le patronat et l’Union générale
des travailleurs algériens (UGTA). Mais le monopole syndical revient à l’UGTA.
Pourtant, les SNAPAP (Syndicat national autonome des personnels de l’administration
publique), SNPSP (Syndicat national des praticiens de la santé publique),
CNES (Conseil national des enseignants du supérieur), SATEF (Syndicat
autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation)
et de nombreuses autres structures et organisations syndicales autonomes
sont présentes dans quasiment tous les domaines d’activité et
sont, du point de vue de la représentativité, parfois nettement
mieux assis que les organes de l’UGTA.
Néanmoins, la liberté de manœuvre et de décision
de ces syndicats autonomes dérange certains cercles du pouvoir,
habitués à mettre en scène le dialogue social de
façade
duquel les travailleurs restent très largement absents. Les violations
du droit syndical en Algérie sont si nombreuses et si fréquentes
que la Fédération internationale des ligues des droits
de l’homme a réagi en publiant en décembre 2002 un
rapport, fruit d’une mission d’enquête sur place, intitulé « Algérie
: pluralisme formel et entraves à l’exercice du droit syndical ».
L’ampleur croissante de la colère sociale et des réactions
suscitées par la gestion décriée des affaires so-cioéconomiques
du pays ont conduit les autorités à user de leur force
dominatrice y compris dans le champ syndical.
Dans un contexte de libéralisation économique accrue, la
situation sociale en Algérie est extrêmement préoccupante.
La multiplication des mouvements sociaux depuis 2000 est le révélateur
de la dégradation des conditions économiques et sociales
de la population : le chô-mage est endémique, la pénurie
de logements criante, l’immense majorité des Algériens
voit ses conditions d’existence se dégrader sans espoir ou
perspective d’amélioration, malgré les richesses tirées
de l’exportation des hydrocarbures. La rue, avec son cortège
de débordements, de dérives, voire de violences, devient
le seul espace d’expression du malaise qui gagne toutes les couches
de la société.
Ainsi, les libertés syndicales, pourtant garanties par les instruments
internationaux ratifiés par l’Algérie, notamment
le Pacte international sur les droits civils et politiques, le Pacte
international
sur les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que les
conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT),
sont régulièrement violées. Harcèlement judiciaire,
interdiction de tenir des réunions, entraves à la création
de nouveaux syndicats, menaces et violences policières à l’encontre
de syndicalistes : la liste dressée dans ce dossier témoigne
du quotidien difficile des nouveaux syndicats indépendants algériens.
TPP - Algérie
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